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jeudi 28 juin 2007

Va-t-on vers la fin de la Révolution Islamique en Iran? Si oui, quel serait le rôle des Kurdes?

La situation actuelle en Iran semble confirmer la thèse de Farhad Khosrokhavar (Iran : comment sortir d’une révolution religieuse ? ) qui montre que le régime chiite iranien est à bout de souffle.
La mesure de rationnement de l’essence a débouché sur des manifestations relativement violentes. Cette réaction immédiate des Iraniens est en réalité étroitement liée au malaise régnant au sein de la population.
Désormais, très peu de personnes se reconnaissent dans le régime actuel et la majorité des iraniens aspirent à plus de libertés et de droits individuels. Il existe donc une véritable frustration chez les jeunes et les femmes qui sont les premiers à souffrir des contraintes qui leur sont imposées. Cette situation de désenchantement oblige le régime à avancer vers le post-islamisme, c’est-à-dire une forme de sécularisme.
Les intellectuels post-islamistes (Kadivar et Modjthaled-Shabestari, des clercs ; Abdolkarim Soroush, un non clerc) contestent avant tout la confusion entre le politique et le sacré instauré par l’islamisme qui cherche à légitimer la direction politique de la société par des clercs au nom de leur compétence religieuse, de leur vertu et de leur pureté. Ils souhaitent réhabiliter le politique en tant que tel, et définit un espace politique autonome régi par le débat et le vote.
Il semble que l’Iran risque de connaître de nouvelles vagues de contestation qui pourraient éventuellement faire tomber le pouvoir en place. Bien entendu, les Etats-Unis ne manqueront pas de soutenir les forces déstabilisatrices internes. Parmi ces forces, on trouve les Kurdes qui constituent une partie importante de la population en Iran.
En cas de changement de régime, les Kurdes devront savoir revendiquer leurs droits et participer activement à la mise en place d’un nouveau régime démocratique et fédéral. De par son importance numérique, le peuple kurde en Iran devra à tout prix s’imposer comme une force politique incontournable et profiter de cette éventuelle occasion pour déclarer officiellement son existence et être reconnue par la communauté internationale comme un peuple à part entière.
Feqîyê Teyran

2 commentaires:

Primatus a dit…

Analysekurde,

Je trouve tes analyses pertinentes et intéressantes (d’autant plus que je partage dans l’ensemble ton point de vue, donc les compliments s’adressent indirectement à moi.
Je plaisante !)
Mais je me permets juste une remarque.
Ne penses-tu pas que l’expression "forces déstabillisatrices internes" est à double tranchant et peut porter à confusion.
Certaines personnes mal attentionnées pourraient saisir cette occasion pour fustiger du doigt les Kurdes comme étant des ennemis de l’intérieur. La "théorie du complot" (ou "de l’ennemi de l’intérieur") a souvent servi d’argument aux Etats qui dominent les Kurdes pour les dénigrer et délégitimer leurs revendications politiques en les présentant comme une force instrumentalisée par des Puissances de l’extérieur.
C’est pourquoi je pense que nous devrions faire attention à ne laisser, dans nos propos, aucun élément qui pourrait être utilisé contre les Kurdes et donner prise à ce type d'argument fallacieux.
Je crois qu’on pourrait dire que les Kurdes sont "des forces oeuvrant pour la démocratisation interne" et c’est en cela qu’ils peuvent, peut-être, "déstabilisés" un régime anti-démocratique.

analysekurde a dit…

Salut Primatus,
Effectivement, tu as raison concernant la remarque qu tu avances. Certes, l'expression "forces déstabilisatrices" a souvent une signification péjorative mais en l'occurence, il s'agit d'un régime autoritaire qu'il faut déstabiliser pour le renverser, ce qui donne un sens positif à ces forces.
Je reconnais toutefois qu'il faut peser ses mots afin d'être précis dans l'expression de sa pensée. Je te remercie donc de prêter attention au contenu de mes articles.
Feqîyê Teyran