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jeudi 20 septembre 2007

La question kurde : Une « solution soft » est-elle envisageable ?

Lors de sa tournée au Kurdistan, le nouveau président de la République turque, M. Adullah Gül, a évoqué une éventuelle « solution soft » (yumuşak çözüm) au problème kurde.

Il faut d’emblée souligner que, pour la première fois, un parti politique, en l’occurrence le Parti de la Justice et du développement (AKP dont le nouveau président est issu), ose parler ouvertement de la question kurde. Un geste qui mérite d’être salué malgré les manœuvres menées par ce même parti.

Y a-t-il vraiment une volonté politique de la part du parti islamiste modéré, majoritaire au parlement, d’apporter une réponse définitive au problème kurde ?
Peut-on croire en la sincérité d’un premier ministre, qui, jusqu’à hier encore, refusait de reconnaître le peuple kurde comme étant un peuple ayant droit à l’auto-détermination ?

En politique, tout est possible mais certains politiques n’ont qu’une obsession, c’est d'atteindre leur objectif quelque soit le prix à payer. Cela signifie que ces politiques sont parfois amenés à agir, dans un premier temps, contre leurs propres convictions politiques. Et, une fois qu’ils sont tout près de leur objectif, ils retournent aussitôt leur veste.

Malgré que ce soit une méthode souvent appliquée par les dirigeants turcs, les Kurdes tombent quand même dans le piège, c’est-à-dire victimes d’escroquerie politique. L’histoire des Kurdes, qui est jalonnée par ces manœuvres, se termine souvent en échec et désespoir. Cependant, le peuple kurde demeure courageux et se relance de nouveau dans la lutte pour l’indépendance.

Aujourd’hui, le contexte est désormais différent et la mondialisation semble offrir au monde de nouvelles perspectives. La promotion de la paix et des valeurs démocratiques dans le monde devient progressivement la priorité des acteurs internationaux. Certains acteurs comme l’Union européenne impose la démocratie, les droits de l’homme, etc. comme des critères d’adhésion. Ces progrès nous amènent à être de plus en plus optimiste et espérer un meilleur avenir.

Finalement, on peut penser que cette solution «soft » est parfaitement envisageable dans le cas de la question kurde, du moins la nouvelle donne mondiale laisse entendre une telle possibilité. Par ailleurs, les « progrès » réalisés sous la pression de l’Union européenne semblent constituer le début de la « solution soft ».

Néanmoins, les dernières déclarations de M. Gül, lors de sa tournée dans les villes kurdes, mettent en évidence ses véritables intentions, c’est-à-dire défendre la nature unitaire de l’Etat turc au prix de refuser tout compromis sur la question kurde. Il n’est vraiment pas prêt à s’imposer comme le Président capable de mettre un terme à la politique kémaliste à l’égard des Kurdes.

La «solution soft » proposée par M. Gül ne serait qu’un abandon volontaire de la part des Kurdes de leur propre identité et non pas du tout une solution concrète à la hauteur des attentes du peuple kurde.

Le gouvernement islamiste modéré souhaiterait faire croire aux Kurdes que la question kurde est une simple question économique pouvant être résolue par l’arrivée massive d’investissements. Certes, les régions kurdes souffrent d’un sous-développement évident (conséquence de la politique anti-kurde menée depuis la création de la République turque en 1923), cependant une telle initiative économique est très loin d’être satisfaisante.

Par conséquent, le « softisme » a encore beaucoup de chemin à faire pour pouvoir s’imposer en Turquie. Par ailleurs, la question kurde demeure une question urgente nécessitant d’être résolue. Il faut faire des réformes courageuses et concrètes…

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