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jeudi 18 octobre 2007

Pour ou contre une guerre entre Kurdes et Turcs ?

D’emblée, il faut signaler qu’il ne s’agit pas du tout d’un sondage. C’est tout simplement une question d’actualité brûlante qui concerne les intentions de l’armée turque d’intervenir au Kurdistan du Sud afin « d’éliminer définitivement les guérilleros du PKK », parti séparatiste kurde.

Le parlement turc a approuvé, cette semaine, l’autorisation permettant à l’armée d’intervenir au Kurdistan du Sud pendant un an. Bien entendu, ce vote était en quelque sorte une façon de soulager les nationalistes turcs qui ne cessent de revendiquer cette fameuse intervention militaire tant attendue. Une revendication qui se faisait pressante, notamment après la mort d’une dizaine de soldats turcs dans le Sud-est de la Turquie (Kurdistan du Nord). Il faut tout de même souligner que ces soldats tués n’étaient pas tous Turcs, huit d’entre eux étaient Kurdes. Malheureusement, il s’agit, en réalité, plus d’un conflit forcé entre Kurdes qu’une guerre entre Kurdes et Turcs. En effet, l’Etat turc n’hésite pas à mettre en première ligne les soldats d’origine kurde lors des opérations militaires menées contre les guérilleros du PKK qui sont eux aussi Kurdes. Finalement, peu importe de quel côté sont les victimes car la plupart du temps, les victimes sont Kurdes.

Lorsque l’on voit le montant record récolté pour la fondation de l’armée turque en l’espace de quelques jours, on est forcément amené à penser que les Turcs sont favorables à une intervention militaire au Kurdistan du Sud. Les Turcs ne sont pas les seuls à soutenir une éventuelle opération militaire, certains Kurdes turquisés comme Yilmaz Erdoğan (quel dommage !) y sont favorables aussi afin d’être bien vus aux yeux de l’opinion publique turque.

Jusque là, on est tous d’accord que les Turcs sont pour la guerre. D’ailleurs, ces derniers temps, de nombreux artistes, qui devraient en principe s’opposer à la guerre, ont également manifesté, notamment financièrement, leur soutien à l’armée turque. Le moment est donc venu, pour les Turcs, de commencer la guerre, enfin essayer de détruire le Kurdistan du Sud. C’est un Etat fédéré kurde au Nord de l’Irak dont le développement politique et économique est jalousement observé par les Turcs qui n’ont qu’une seule obsession, c’est de l’anéantir. La volonté de mettre un terme à l’existence du PKK au Kurdistan du Sud n’est qu’une excuse pour détruire les acquis des Kurdes que les Turcs ne peuvent pas supporter.

Si la guerre se déclenche, il ne faut pas accuser les Turcs de l’avoir provoquée comme le dit si bien le rédacteur en chef, Ertuğrul ÖZKÖK, du quotidien turc, Hürriyet. Dans un de ses articles daté du 16 octobre 2007, Ertuğrul ÖZKÖK, Turc d’origine bulgare comme beaucoup de nationalistes turcs, lance un appel aux Kurdes du Sud sous forme de «conseil turc ». Voici quelques extraits traduits de l’article.



Si j’étais un kurde iraquien, je regarderais, abondamment, les films traitant du Vietnam.
En particulier, les films qui racontent les retraits américains du Vietnam. »

Je conseille aux kurdes, se trouvant de part et d’autre de la frontière, qui ont des attentes de la tension entre les Etats-Unis et la Turquie, qu’ils regardent les films traitant le Vietnam.
La Turquie est un grand Etat.
L’Iran est un grand Etat.
La Syrie est un grand Etat.
Et les Kurdes n’ont pas encore d’Etat.
La vie n’ira pas ainsi par là.
L’Amérique partira d’ici un jour et nous resterons entre nous.
Malheureusement, ceux qui tirent avantages de cette querelle, sont les quelques Kurdes, qui hier, aujourd’hui et demain, peuvent trouver refuge auprès des Américains.
Il n’est pas certain qu’ils retrouvent une Turquie généreuse, une fois qu’ils se retrouveront face aux Arabes d’Irak, à qui, ils ont tourné le dos.


Je sais très bien, que la souffrance que nous, la nation turque, éprouvons, et notre irritation resteront minimes comparées à la tragédie qu’ils vont vivre.

Il est vrai qu’il ne faut surtout pas en vouloir à nos amis turcs qui font tout pour éviter la guerre. L’article de Ertuğrul ÖZKÖK est la plus belle preuve de « conseil » que l’on puisse faire à une nation sans Etat comme il le dit.

Nous, en tant que peuple kurde, remercions tous les Turcs et particulier notre ami bulgare, Ertuğrul ÖZKÖK, de nous prévenir des conséquences qu’une éventuelle guerre pourrait engendrer. Que les choses soient claires ! Nous n’avons jamais adopté une attitude belligérante. Notre seul souhait est de vivre en toute liberté comme tous les autres peuples. Nous ne voulons plus être opprimés à cause de notre identité. Si les trois « grands Etats » (la Turquie, l’Iran et la Syrie), comme le dit Ertuğrul ÖZKÖK, continuent leurs attaques inhumaines contre nous, nous utiliserons nos droits légitimes qui constituerons le début d’un « cauchemar vietnamien » pour les partisans de la guerre et peut-être la fin de ces « grands Etats » comme cela a été le cas en Irak. Il est fondamentalement important de rappeler de nouveau que nous sommes pour une paix durable et juste, c’est-à-dire une paix permettant à tous les peuples de vivre en harmonie et libres.

Feqîyê Teyran

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