Traduction

lundi 5 novembre 2007

Qu’auriez-vous préféré ?

A) Le PKK aurait dû tuer les 8 soldats turcs pris en otages pour éviter à la Turquie l’humiliation.
Traduction: "Je ne suis pas content que les soldats soient libérés" .
Propos du ministre de la justice
B) Les soldats turcs et les combattants du PKK devraient se serrer plus la main pour mettre un terme au conflit kurdo-turc. (cf: photo ci dessus)

Lors d’une attaque des combattants du PKK il y a deux semaines, l’armée a subi un coup fatal. Une dizaine de soldats ont trouvé la mort et de nombreux soldats ont été blessés. L’aspect le plus humiliant de cette attaque pour la « toute puissante armée » turque était l’enlèvement de 8 soldats. Dans le jargon de l’Etat-major turc, il ne faut surtout pas parler « d’enlèvement », il s’agit plutôt « d’une perte de contact ». Autre erreur à ne pas commettre dans le jargon militaire turc: En cas de libération, le terme de « retour » est plus approprié. On voit à quel point la richesse et la finesse de la langue turque permet d’exprimer la « vérité » avec une précision linguistique inimaginable.

La « toute puissante armée » de Mustafa Kemal, comme on vient de le voir, est très douée pour mettre en place un jargon sophistiqué mais malheureusement elle semble encore incapable de former des soldats prêts à mourir pour la nation. En d’autres termes, les soldats turcs ne sont assez formés militairement et mentalement pour défendre l’honneur de la nation turque.

Les « méchants » combattants du PKK ont pris conscience de cette malheureuse faiblesse de l’armée turque et l’exploitent abondamment à travers leurs moyens de communication. La libération des 8 soldats est perçue comme une atteinte à la dignité de la nation turque. Toutes les personnes impliquées dans cette affaire de libération vont être entendues par la justice turque. D’ailleurs, c’est l’occasion pour la Turquie de déposer, en tant que victime, une plainte auprès de la Cour européenne des Droits de l’Homme pour atteinte à la dignité de la nation turque.

Il est extrêmement difficile de comprendre et de décrire la mentalité de ces Turcs qui regrettent la libération de leurs soldats. Comment pourrait-on considérer ces pauvres soldats comme des traîtres parce qu’ils ont été pris en otage indépendamment de leur volonté ? Le ministre de la justice turc, Mehmet Ali Sahin (né dans une ville nationaliste), affirme clairement qu’il n’est pas content de savoir que ces soldats ont pu être libérés. Beaucoup de Turcs, très fiers de leur armée, n’hésitent pas à dire que ces soldats auraient dû être tués et se faire exploser pour mériter le statut privilégié de « Martyr » et honorer les autres martyrs. Il y a une chose que l’on a du mal à comprendre : Les Turcs veulent-ils la fin du conflit pour pouvoir vivre en paix et fraternité avec les Kurdes ou souhaitent-ils toujours plus de morts, notamment des martyrs, en vue de montrer au monde entier le sacrifice nécessaire, mais en réalité inutile, au maintien de la « nation kémaliste » qui refuse de reconnaître la diversité existante en Turquie.

En libérant ces 8 soldats turcs, le PKK affiche sa volonté d’arriver à une solution politique et pacifique. Les Kurdes veulent tout simplement que leur identité ainsi que tous leurs droits soient reconnus dans la Constitution turque. Le temps de régler pacifiquement la question kurde est arrivé. Aucune solution militaire n’est efficace à long terme, elle ne sert qu’à soulager certains nationalistes.

Les médias turcs doivent cesser de jouer avec les sentiments du peuple turc et d’instaurer un sentiment de haine entre les peuples kurde et turc. Il faut savoir que toutes les guerres ont une fin et cette fin est le début d’une paix. Par conséquent, les médias turcs et kurdes doivent absolument préparer, de par leurs messages, l’instauration d’une paix juste et durable.